vendredi 9 février 2007

Nous avons besoin des Français de l'étranger

Nous avons besoin des Français de l'étranger pour moderniser la France. A l'heure des choix, leur expérience est précieuse. Ils peuvent alimenter le débat d'un vaste benchmarking international et nous aider à prendre de la hauteur et à sortir des tabous et des querelles franco-françaises.

Nous avons besoin d'eux aussi, parce-que, las des pesanteurs administratives, de la lourdeur de notre fiscalité ou des rigidités du marché du travail, ce sont nos meilleurs talents qui sont partis.

En avril 2006, le Guardian a publié des estimations de l'Office for National Statistics britannique, selon lesquelles 15 000 francais, surtout jeunes et très qualifiés, s'installeraient au Royaume-Uni (à Londres, pour l'essentiel) chaque année. La population francaise au Royaume-Uni serait de 300 000 à 400 000 personnes, largement au-delà de l'estimation de l'Insee (85 000 en 2002).

Si, en estimation basse, on retient un flux "définitif" de 5 000 jeunes francais très qualifiés vers le Royaume-Uni, auxquels il faut ajouter 5 000 autres qui choisissent les Etats-Unis, l'Irlande, le Canada ou une autre destination : on arrive à 10 000. La France produit chaque année 25 000 ingénieurs, 25 000 diplômes d'écoles de commerce, et 8 000 doctorats, soit près de 60 000. La valeur de ces diplômes est cependant très héterogène. Le problèlme c'est que les 10 000 émigrés se situent plutôt dans la moitié supérieure de ces 60 000. Ce phénomène, présenté comme conjoncturel, deviendrait préoccupant s'il devait se stabiliser, car ce serait près d'un tiers de nos "très diplômés" qui quitteraient la France chaque année. Il le serait encore plus si cette émigration était un aller sans retour.

Or c'est précisément, cet "aller sans retour" que propose Dominique Strauss Kahn et les deux autres experts chargés par Ségolène Royal de lui remettre un rapport sur la fiscalité.

L'impôt citoyen est, en effet, absurde et contreproductif. De surcroît, il sera probablement très coûteux à lever.

Les socialistes pensent, en effet, tenir la solution miracle pour lutter contre l'évasion fiscale. Or il font erreur.

Combien de ces Français talentueux expatriés vont accepter de payer cet "impôt citoyen" ? Au Canada, au bout de 3 ans de résidence, on peut prétendre à la citoyenneté. Ce que beaucoup d'immigrants font. Les pays émergeants, comme ceux engagés dans la compétition économique mondiale et qui en ont compris les enjeux n'hésiteront pas non plus à naturaliser des profils à haut-potentiel pour les "fidéliser" ou se les attacher définitivement. Et là, qu'est-ce qui empêchera ces nouveaux citoyens d'abandonner leur nationalité française si celle-ci devient trop coûteuse et trop pesante. Il faudra bien se rendre compte que la notion même de nation n'a plus la même valeur pour la "génération mondialisation" qui nait avec la planète pour horizon.

Cet impôt est absurde car rien ne précise sur quelle base on va l'appliquer. Comment nos "experts" de Bercy vont-ils calculer la "capacité contributive" de nos citoyens expatriés ?

Enfin, il sera coûteux, au point même, peut-être, de coûter davantage qu'il ne rapportera. Pour s'en convaincre, il suffit d'imaginer la batterie de fonctionnaires qui seront nécessaires à sa collecte et la petite armée de contrôleurs fiscaux qui parcoureront la planète, aux frais du contribuable, pour pister les récalcitrants.

S'il ne s'agissait pas, au final, de l'avenir de notre pays, cette proposition pourrait prêter à sourire. Mais si l'on continue comme cela... on va vraiment rendre irréversible le déclin français, alors qu'aujourd'hui encore rien n'est perdu si on sait opérer les bons choix. L'exercice de pédagogie économique réalisé par Laurence Parisot devant 6000 entrepreneurs réunis à Bercy le 25 janvier, nous donne de ce point de vue quelques pistes de réflexion utiles. Il donne a réfléchir et mérite, en tout cas, d'être débattu.

L'appel de Nicolas Sarkozy qui a lancé un « Revenez ! » aux Français qui sont venus l’écouter à Londres, appelle lui aussi à la réflexion et mérite d'être soutenu. C'est en effet le sens du message à adresser à nos compatriotes dont nous avons besoin pour redresser la France. Leur retour, notamment celui des chercheurs dont l’exil a pris des proportions très importantes, serait en effet un signe encourageant qu’un vent de confiance souffle à nouveau sur notre pays.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le Francais de l'Etranger n'est pas de Droite, je ne suis pas de Droite.

De Francais je n'ai que le passeport. Parce qu'il m'identifie, parce que je suis Normand et que le Passeport Normand n'existe pas.

Je n'epouserai pas une Francaise et n'ai par consequent aucune raison particuliere de me reinstaller en France au cours des 10 prochaines annees.

Je ne beneficie ni des infrastructures, ni du systeme educatif, ni de la protection sociale, ni de radio france, ni de la justice francaise.

Mon activite professionnelle n'existe pas en France.

Ridicule mesure moralisatrice qui empeche ceux qui n'apprecient pas la rigidite du tronc de conserver pour autant leurs racines .

J'ai de moins en moins de scrupules a financer la monarchie britannique. De moins en moins de regrets quant a ma radiation des listes.

Anonyme a dit…

Cet impôt citoyent certainement efficace pour des gens qui fuient l'impôt français, s'installent "fictivement" à l'étranger, mais vivent en France et profitent de toutes les installations collectives.

Mais pour tous les autres qui de bonne foi et honnêtement vivent intégralement dans un autre pays ?? On en fait quoi ? Et ceux-là me semblent bien majoritaires face aux premiers.